L'écume des jours de Boris Vian
Un homme, Colin, tombe amoureux d'une femme, Chloé. Jusque-là rien de plus banal sauf que Chloé tombe elle malade et d'une maladie on ne peut plus étrange puisqu'un nénuphar attaque ses poumons. Tandis que leurs amis Chick et Alise sont les pions soumis à un destin tragique, tous tentent par leur imaginaire d'adolescent d'aller au bout de leurs sentiments.
Ce
livre s'est révélé tout autant touchant que poignant car le comique
laisse place au tragique et le destin semble s'être mis en branle ce
qui fait de ce petit conte de fées une machinerie inexorable dans les
tréfonds de l'âme humaine. On assiste impuissant à la marche
silencieuse de ce à quoi nos héros sont voués.
J'ai aimé ces
personnages vivant à fond leur bout d'existence et se raccrochant avec
toute la force de leur humanité à leur condition d'animal ayant une
naissance et une mort. Les situations peuvent paraître insolites, les
détails, comme la maladie de Chloé, très imagés mais c'est justement
cette symbolique qui fait de ce livre un indispensable à placer entre
toutes les mains.
Il prit délicatement une rose et tenta de briser la tige. Il fit un faux mouvement et l'un des pétales lui déchira la main sur plusieurs centimètres de long. Sa main saignait, à lentes pulsations, de grosses gorgées de sang sombre qu'il avalait machinalement. Il regardait le pétale blanc marqué d'un croissant rouge (p. 146)
Il chercha sur la liste le nom suivant et vit que c'était le sien. Alors il jeta sa casquette et il marcha dans la rue et son cœur était de plomb, car il savait que, le lendemain, Chloé serait morte (p. 166)
8/10 pour moi !
L'écume des jours - Boris Vian (Union générale des éditeurs, 1963, 183 p.)