Une fille comme moi de Xi Xi
C'est sans conteste un recueil de nouvelles en partie autobiographique que nouslivreXi Xi. Écrit à Hong-Kong juste avant sa rétrocession à la Chine, c'est un livre plein d'allégresse, empli des joies enfantines et de l'éveil aux sens. Le pseudo de Xi Xi est déjà révélateur de cette malice : Xi est censé indiquer une direction, la répétition indique le saut d'une case à l'autre, ce constant mouvement où on s'élève. D'ailleurs la préface nous plonge d'emblée dans les coutumes avec la traditionnelle marelle, appelée là-bas "avion sauteur" dont l'écrivain est une grande adepte.
Par la suite c'est une succession de petits bonheurs au quotidien : d'un enfant admirant le sculpteur de glace qui n'est autre que le poissonnier, d'une fillette irrémédiablement attirée vers un miroir caché dans un tiroir, d'une distinction militaire qui fait pâlir d'envie un jeune enfant en devenir. Ce ne sont pas seulement des enfants qui peuplent ces histoires, ce sont des gens insouciants, sujets à l'émerveillement et à la grâce de moments forts. C'est donc d'une plume dynamique et complaisante que se dressent les récits à nos yeux devant tant de simplicité, les artifices paraissent bien superflus. On passe d'une nouvelle à l'autre en retenant son souffle, en espérant sourire encore et le bonheur est communicatif, il s'infiltre impunément et sans détour.
Lorsque j'écris, je peux me contenter d'eau claire et d'un morceau de chocolat. J'installe simplement sur ma table une pile de livres sous laquelle je glisse les pages une fois écrites afin d'éviter qu'elles ne s'envolent sous le souffle du ventilateur. (p. 92)
J'ai porté un jour chez le cordonnier une paire de chaussures endommagées afin qu'il les répare ; elles sont revenues avec un morceau de pneu collé sous la semelle, et pourtant, mes pieds ne glissaient pas plus vite pour autant. (p. 93)
Martine aussi l'a lu. Et pour moi c'est un 9/10 bien mérité !
Une fille comme moi - Xi Xi ; traduction de Véronique Jacquet-Woillez (Ed. de l'Aube, 1997, 131 p.)