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Chez Mélopée
15 décembre 2009

Nandi le fou de Banaphul

Allez, passons en revue un autre type de littérature en introduisant un auteur indien dont j'ai luinde  il y a quelques mois un très bon recueil de nouvelles. J'ai d'ailleurs été très étonnée de ne pas voir de critiques des livres du dénommé Banaphul. Nandi le fou mériterait de sortir de l'ombre car les nouvelles qui le composent sont cinglantes, sans concessions et nous font parfois rire jaune. Comme exposé dans la biographie, Banaphul était un éminent spécialiste de la nouvelle courte (une ou deux pages) et c'est ainsi que je n'ai pu que dévorer cette anthologie.

En effet, l'humour pince-sans-rire qui m'a surprise dès que j'y ai jeté un oeil m'a entrainé en eau trouble. Le sarcasme est un des outils prépondérants dans le style de Banaphul et on se surprend à grincer des dents et à vouloir la suite.
C'est une Inde plus sombre, plus usée et avec des personnages plus affirmés qui viennent se profiler à travers les pages. Il est d'ailleurs étonnant de voir la capacité de l'auteur à nous dresser tout un univers tantôt cynique, tantôt compatissant avec cette même plume alerte qui nous tient en haleine. Le rythme est soutenu, les nouvelles se valent et sont d'un très bon calibre pour ce recueil qui aurait pu paraître pauvre à la lueur de son relatif peu de pages.
Après le pavé que je venais d'achever (Un garçon convenable de Vikram Seth), ce recueil a été à la hauteur de mes espérances et même au-delà puisqu'il a réussi à me clouer à ses descriptions insolites et loufoques d'une Inde que je ne pouvais entr'apercevoir. J'ai aimé l'aspect décalé des situations et ces quiproquos qui m'ont fait rire purement et simplement.

Quelques passages me paraissent bien plus parlants que des éloges interminables :

- Où voulez-vous que je mette l'eau, Monsieur?
Cette question bête amusa un peu le bourgeois. Après une longue bouffée dans son narghilé, d'un ton sérieux il répondit :
- Sur ma tête. 
Avant qu'il pût l'en empêcher, Govardhan alla tout droit verser le contenu de la cruche sur sa tête. Il comprenait mal les plaisanteries
.  (pp. 41-42)

Les Anglais sont si différents. Tout à fait différents. Ils savent apprécier les mérites, ils sont corrects, ils savent quoi faire et comment. C'est là le secret de leur domination des peuples. C'est drôle que les autres espèrent faire mieux ! Il suffit de se rendre compte de tout ce que les Anglais ont accompli. Avant de nous quitter, ils ont flanqué le Pakistan sur le dos de l'Inde. Les deux n'ont qu'à se débrouiller maintenant, en s'entre-tuant, tant bien que mal. Pourquoi parler même du Pakistan? Y avait-il la paix en Inde? "Jouissez de votre indépendance" avait dit Mountbatten au Mahatma Gandhi, avant de quitter l'Inde. Qu'entendait-il par ces mots. C'était simple : au nom du pouvoir, les adeptes de Gandhi s'étaient mis à bêler comme des moutons. (p. 90)

J'attribuerai volontiers un 8,5/10 !

Nandi le fou et autres nouvelles - Banaphul ; traduction de Prithwindra Mukherjee (Gallimard, 1994, 134 p.)

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Commentaires
L
Je voulais écrire : "me plaisent"... désolée ;-)
L
Celui-là, je le note, les extraits que tu as choisis me plaise beaucoup ! ;-)
C
Mélopée, ça m'a fait plaisir aussi que tu passes sur mon blog ! Bon dimanche !
M
Merci Catherine ! Le blog n'en est encore qu'à ses débuts mais j'essaie de fignoler un peu tout ça. En tout cas je te remercie pour ton petit mot qui me fait bien plaisir et m'incite à continuer !
C
Moi aussi, j'arrive du blog d'Abeille !<br /> Bienvenue donc dans la blogosphère, Aurore !<br /> Ton blog est joli, reposant, et j'y découvre déjà un livre à rajouter dans ma LAL !<br /> Un auteur et un livre que je ne connaissais pas du tout, merci donc !
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