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Chez Mélopée
24 février 2010

Après l'amour, la sueur des hommes a l'odeur du miel de Mari Okazaki

apres_amourVoici un manga qui regroupe cinq nouvelles qui laissent une grande place au côté yuri (relations homosexuelles féminines) dans la trame narrative. Pour exemple, la première nouvelle donne lieu à l'installation de la cousine de notre personnage féminine. Et cette arrivée vient perturber l'équilibre de notre héroïne, troublée par cette grâce toute féminine si différente d'elle-même.
En ce qui concerne la seconde nouvelle, elle m'a largement fait penser à "Ponyo sur la falaise" de Miyasaki (film d'animation que j'avais adoré). La nouvelle est placée sous le signe de l'onirisme avec une jeune femme, Moeko, qui en promenant son chien tombe sur une plante qui prend peu à peu visage humain. Et de fil en aiguille la jeune pousse qui va être personnifiée sous le nom de Kusako va attirer toute la sympathie et toute l'affection de notre protagoniste. Quand la nature devient un prétexte à l'évasion et à l'abandon, le réalisme perd de son intérêt et en devient tout juste secondaire.
Dans la troisième nouvelle c'est là aussi une histoire anecdotique qui met en scène deux jeunes femmes, deux êtres à la dérive. Ce qui les lie? Elles sont voisines et l'une en crise de somnambulisme vient toujours à terminer ses nuits devant la porte de la seconde. Message caché, besoin de prise en charge? Quoi qu'il en soit la belle voisine endormie réveille des sentiments étranges chez notre narratrice qui entre irritabilité, curiosité grandissante et malaise en vient à redouter les nuits, à craindre cette intrusion inconsciente.
Dans la quatrième nouvelle nous intégrons l'univers scolaire où plutôt l'absentéisme scolaire avec une jeune fille qui vient porter les cours à une camarade qui déserte les bancs de l'école. En effectuant le portage elle tombe toujours sur la chambre du grand frère, jouxtant celle de son amie. Et ce huis-clos familial, ce voyeurisme tout juste caché suscite chez les uns et les autres des désirs de toujours pousser plus loin la porte des intimités. Et si le grand frère entrait dans le jeu en tentant de séparer les deux amies?
Dans la dernière nouvelle on retourne à l'école avec l'arrivée d'une nouvelle professeur qui est bien loin de faire l'unanimité chez ses élèves. Seul notre protagoniste semble éprouver un vif intérêt à cette nouvelle arrivée qui tente tant bien que mal de donner vie à la musique chez ses adolescents en quête de sens.

Une piste domine dans ces nouvelles, celle de la nécessité de fuir la solitude. On sent confusément que les personnages, essentiellement féminins, sont des êtres fragiles et dont le mal de vivre trouve un peu d'apaisement dans la cohabitation avec les autres. Quant au titre, il s'avère assez énigmatique car il fait référence à la première nouvelle et désigne la sueur de la jeune cousine tout juste débarquée qui sent l'homme. Cette confusion des genres, des sens accentue l'ambigüité des sexes, et nous amène à croire que même si cette mention de sueur est désagréable, l'odeur de miel est elle attractive. Entre rejet et fascination, nos personnages sont donc sujets à des émotions contraires qu'ils ne contrôlent pas.
En définitive, c'est un recueil qui m'a laissé perplexe car les images sont belles, les histoires sont très diverses mais on ne voit pas trop où le mangaka veut nous mener. On arrive à chaque dénouement en se disant qu'on n'a peut-être pas cerné le fin mot de l'histoire. Tout est en suggestion, en poésie on se dit que la subtilité nous échappe peut-être, mais on se laisse volontiers emporter dans le flot des sentiments.

Après l'amour, la sueur des hommes a l'odeur du miel - Mari Okazaki ; traduction de Yuko Kuramatsu (Delcourt, 2005, 155 p.)

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Commentaires
M
@ Choco : Ah, toi aussi ! J'en rediscutais avec mon copain qui me disait qu'il n'avait rien compris aux histoires. Moi bizarrement ce flou artistique m'a assez intriguée.
C
Lu il y a très longtemps, je n'en garde qu'un vague souvenir mitigé aussi...
M
@ MyaRosa : De rien chère Mya ! Là aussi je guetterai si un avis parait sur ton blog. Moi je retenterai sans doute prochainement d'autres mangas de ce mangaka :)
M
Je ne connaissais pas du tout. Ton avis me donne envie de le découvrir, au moins pour la beauté des dessins et la poésie. Je vais essayer de le trouver à la bibliothèque. Je note le titre, merci Mélopée! :)
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