Jungle de Monica Sabolo
Et voilà j'ai enfin fini ce livre que j'avais posé le temps de finir mon
Glattauer. Et c'est avec plaisir que je l'ai repris car, que je vous
dise, le premier chapitre est déjà une chute avec un événement fatal qui
nous met dans le bain d'emblée. J'avais lu le billet d'Edelwe très enthousiaste et étais donc enchantée de le lire moi aussi.
L'histoire s'applique à revenir
sur les éléments constitutifs de la vie de ces deux jeunes
filles - Julia et Louise - qui, bien que de caractère
diamétralement opposé, grandissent telles des sœurs. La narratrice,
Louise, est une jeune aventurière, baroudeuse et curieuse de nouvelles
expériences. Elle est blonde, elle s'habille en treillis et ne fait
attention qu'à la nature qui l'environne. Et Julia est une petite sœur
de cœur, elle est brune, elle est belle et adulée de tous, elle demande
l'attention avec force cris et caprices.
Qu'est-ce qui pourrait les
réunir ces deux jeunes filles? Elles ont joué au parc ensemble, leurs
parents ont sympathisé et les ont rapproché presque malgré elles.
Il
faut signaler ce rôle des parents dès l'enfance car ils auront un rôle
déterminant dans les orientations prises dans leur jeunesse à toutes
deux. Car un jour le père de l'un part avec la mère de l'autre, et nos
deux fillettes sont ainsi élevées comme une fratrie recomposée.
Et Louise
l'indépendante se prend au jeu du double amical et trouve en Julia un
modèle, une sorte d'antagonisme qui élève et pimente la vie.
On
suit dans le récit des épisodes épars de leur vie : leurs souvenirs
communs sont divulgués et on se rend compte de la trame commune qui les
unit. Par exemple, le garçon qui plait à l'une (David puis Bénédict)
devient le challenge à conquérir pour l'autre.
On partage leur
existence quelque part facile et qui pourrait paraître banale pour une
flopée d'adultes mais cette existence a cela d'extraordinaire qu'elle
semble être un seul lien et non deux ficelles qui se relient l'une à
l'autre. Quand Julia souffre de l'absence de son père, c'est Louise qui
la ramasse à la petite cuillère, qui la console comme une sœur, qui joue
quelque part le rôle de paternel.
Oui ce livre a été plaisant,
oui je l'ai lu jusqu'au bout sans déplaisir mais de là à dire qu'il y a
eu un franc plaisir à suivre leurs aventures je ne crois pas. Car
bizarrement, après l'incipit très accrocheur, le récit peine à
décoller et cette succession d'anecdotes a eu du mal à me
distraire ou à provoquer un intérêt plus conséquent que la simple
curiosité. Je peux sans doute expliquer cela par l'antipathie que j'ai
tout de suite éprouvé pour Julia, personnage égoïste et narcissique.
C'est ce qui m'a déstabilisé, que le balance ne penche pas finalement
pour un peu plus de compassion, pour une évolution vers quelqu'un de
plus tourné vers les autres.
C'est en somme une lecture
rafraichissante qui, dès la couverture, nous donne envie de plonger en
plein été mais qui n'arrive pas à aboutir à cette douce chaleur qui
donne envie de s'y repaitre encore et encore.
Un passage malgré tout que j'ai noté où Julia émet son sentiments sur les reptiles qu'elle affectionne particulièrement :
Les reptiles sont des animaux déprimants pour les âmes tendres. Ils n'ont aucune mémoire. Ils ne sont pas romantiques. Ils daignent vous étreindre mais, dans le fond, ils vous échangeraient volontiers contre un tronc d'arbre. (p. 125)
Merci à et aux éditions Le livre de poche pour ce partenariat !
Jungle - Monica Sabolo (Ed. Le livre de poche, 2007, 248 p.)