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Chez Mélopée
26 juillet 2010

Tu pourrais rater intégralement ta vie de Toni Jordan

Je voulais écrire cette critique tant qu'elle était encore fraiche dans ma tête. Je viens de refermer le livre et j'ai eu tout de suite envie d'y mettre mon grain de sel (ce qui est plutôt bon signe).

 

tu_pourrais

 

Grace Lisa Vanderburg compte tout. Elle a 35 ans, elle vit seule et a pris comme habitude de tout additionner, de faire ses comptes dans sa tête puis peu à peu à vive voix. Elle compte les lettres de son prénom, les lettres de ses interlocuteurs, elle agit en fonction d'une logique implacable : elle se rend toujours à la même heure dans le même café où elle commande le même gâteau saupoudré de graines de pavot. S'il n'y avait que ça... Non, ladite Grace pousse le vice jusqu'à compter les pas qui la relient d'un point à un autre. Même les poils de la brosse à dents y passent et sans ces chiffres correctement consignés dans un carnet, Grace a des sueurs et panique. Dans tous ses plans, elle n'avait pourtant pas prévu de croiser sur sa route le charmant Seamus Joseph O'Reilly (un autre 19 de lettres). Comment composer avec ses propres manies lorsqu'un homme pose un regard aimant et attentif sur vous? Comment justifier l'irraisonnable?

Quel livre bizarre ! Déjà car j'ai moi-même du mal à me figurer qu'on puisse prendre plaisir à tout compter à longueur de journée. Les chiffres n'ont jamais été mes amis alors loin de moi l'idée de tous les rassembler en rangs ordonnés. Car tous les nombres, que Grace fixe noir sur blanc, sont fluctuants et tout est à refaire le lendemain. Comment peut-on se condamner à toujours faire des calculs avant d'agir?
Car c'est le cas, Grace ne peut pas sortir de chez elle sans avoir fait ses sempiternels comptes. C'est une obsession de toujours procéder dans un ordre bien défini, de toujours s'asseoir à une table puis de changer d'un jour sur l'autre en suivant les aiguilles d'une montre. Grace est une fourmi, elle ne semble pas être en proie aux passions, a une vie olé olé et ne peut que finir vieille fille dans ces conditions.
Car Grace semble avoir bloqué les compteurs au niveau séduction. Elle bougonne devant sa sœur cadette, Jill, mère de 3 enfants et déjà si à cheval sur l'éducation. Sa confidente c'est Larry, sa nièce qui est comme une amie (non, non point de choc de générations).

Alors quand vient Seamus tout est chamboulé. Il faut faire de la place dans ce petit appartement qui n'a vu entrer personne jusqu'alors. Il faut aller plus vite dans les calculs pour ne pas être en retard ou... il ne faut plus faire de calculs du tout. Seamus a le chic pour faire de chaque jour un renouveau alors les vieilles habitudes sont "de force" mises au placard. Mais il n'est pas dupe et a remarqué que quelque chose clochait. Oui, pourquoi acheter 10 salades, 10 bananes, 20 brosses à dents (ah les chiffres ronds !)?
Et si un changement de fond était à prévoir pour que ces deux-là arrivent à composer ensemble?

J'ai trouvé certains passages désopilants car on imagine parfaitement tous les rituels, qui nous paraissent à nous ridicules, mais qui sont pour Grace sensés et inévitables. On n'a pas idée de ce que peut être une vie sans répit, une vie où tout devrait être saisi dans toutes les proportions. Moi ça me ferait juste froid dans le dos. Mais avec Grace, on rit !

Je dors dans un lit une place car j'ai horreur de la vaste étendue des lits doubles. Avant le mariage de ma sœur, nous avons dormi, à une demoiselle d'honneur par chambre, dans un hôtel cinq étoiles de la ville plein de joueurs et de couples. Dans un lit "kingsize", conçu pour ces énormes rois américains, je suis restée paralysée toute cette longue nuit parce que, à chaque mouvement, mes jambes entraient dans une zone froide. Je ne savais jamais où se trouvait le bord.
Dans mon lit simple, je le sais. J'en connais la largeur et la longueur car je peux les mesurer avec la largeur de ma main et suivant le nombre de coups de pied, et il n'y a pas de zone où je ne puisse sentir la chaleur que mon corps dégage. Un lit double est un défi, une question. Un lit simple forme un tout avec moi, seule. Un lit double est une promesse vide. Une menace de vieille fille. Rien que l'idée d'en avoir un chez moi me fait mal aux reins. Je ne saurais pas comment m'y coucher. (p. 75)

Je rejoins toutefois l'avis de Calypso, un titre un tantinet plus court n'aurait pas nuit à l'intrigue. Le titre australien étant Addition. Mais enfin c'est juste pour pinailler !

Tu pourrais rater intégralement ta vie - Toni Jordan ; traduction de Jean Guiloineau (Editions Héloïse d'Ormesson, 2010, 268 p.)

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Commentaires
A
Moi je trouve le titre français plutôt original, c'ets vrai quoi, on pourrait aussi rater intégralement sa vie !
M
@ Faélys : Eh non, je l'avais emprunté à la bibliothèque. Mais je te souhaite de mettre la main dessus pour t'en faire une idée.
F
tiens, pourquoi pas? il voyage, ce livre? (si oui; faelysmail@yahoo.fr)merci!! et belle journée à toi!!
M
@ Canel : Me voilà flattée ! Maintenant j'attends le verdict finale :)
C
Tiens tiens, il va remonter dans ma PAL, merci !! ;-)
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