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Chez Mélopée
31 janvier 2011

Le cheval soleil de Steinunn Sigurdardottir

chevalJe viens de finir ce livre qui m'aura tenu en haleine peu de temps, un livre islandais qui m'a fait le même effet que Rosa candida. J'ai eu le "malheur" d'engloutir le début, de le poser quelques jours et de le reprendre en étant complétement perdue, mal m'en a pris. En reprenant le cours de l'action, on est tout de suite absorbé par cette plume tout à fait authentique, tout à fait poétique et quant à moi, elle m'a tout de suite interpellée. J'ai même été jusqu'à presque louper mon arrêt de train tellement je suivais avec palpitation la narration. Et d'ailleurs, quelle est-elle?

Nous sommes à Sjafnargata, bourgade islandaise pareille à toutes autres. Lilla c'est la narratrice mais son nom est très peu évoqué. C'est son surnom, Li, qui est chuchoté dans le creux de l'oreille, car c'est le petit nom que lui a donné son amoureux. Nous la suivons de l'enfance jusqu'à sa vie adulte, elle qui est un peu perdue dans son quotidien peu banal. Car ses parents sont médecins et n'ont d'intérêt que pour les petits corps malades. Raghnildur, la mère, est impitoyable dans ses diagnostics, elle a le don de reconnaître la maladie à sa base. Haraldur, le père, est plus coulant mais non moins tout autant absent à son devoir paternel. C'est ainsi que grandissent Li et son petit frère Mummi, comme des mauvaises herbes. Étaient-ils désirés? Leurs parents, qu'ils appellent entre eux "Les Époux", les évitent et semblent toujours extrêmement étonnés lorsqu'ils les croisent dans une pièce.

Heureusement la maison est grande, les rencontres sont rares et chacun respecte donc l'espace de l'autre comme un colocataire imposé. Les parents entre eux adoptent la théorie de l'autruche en s'enfermant dans des rôles de conjoints ordinaires : "où sont passés mes lunettes?" sont le lot quotidien de ces deux-là qui se sont retrouvés liés presque malgré eux (c'est du moins la sensation qu'on en a). D'ailleurs, l'hypothèse se confirme puisque Raghnildur garde en secret le poème d'un de ses amants de jeunesse et Haraldur lui, conserve une photo d'une ancienne petite amie décédée. Mais qu'est-ce que c'est que cette famille, me direz-vous? C'est exactement la question que je me suis posée car on a tout à fait l'impression d'être tombé dans un milieu de fous où tous les gens se côtoient presque forcés (sauf les enfants qui grandissent ligués contre les adultes). Voilà pour le schéma familial de Li ! Sauf que Li n'est pas seulement une enfant non choyée par ses parents, elle est aussi une femme qui a connu l'amour. C'est d'ailleurs cet homme, qui l'a fait vibrer par le passé, qui est le fil conducteur du livre. En effet, ils se sont connus adolescents, se sont aimés très sérieusement (l'amour peut-il être sérieux?) et se sont séparés, comme par la force des choses. Sauf que l'homme est de retour en Islande après un long périple en Italie et que c'est toute une histoire qui ressurgit. Les retrouvailles sans doute sont fortes car il y a tant à raconter...

Je me suis couchée dans le lit cadeau-de-communion, sur la couette aux anges usés, et j'ai pleuré comme si c'était moi qui avais inventé les larmes, avec toutes sortes de variantes dans les sanglots, - moi qui n'ai même pas dit ouf quand j'ai accouché de mes filles, je trouvais invraisemblable que tu aies importé d'Italie cette bétonnière orange. (p. 16)

J'ai l'impression d'avoir raconté beaucoup mais j'ai malgré tout omis des éléments importants qui ponctuent la vie de cette petite Li. Elle marche dans les traces de sa mère, se lie d'amitié pour l'"herbivrogne" du village, succombe à un homme, part et revient. C'est en somme une histoire loufoque où se mêlent les poèmes et une narration subtilement menée. Il y a les flash-backs, les apartés pour l'amoureux, les réflexions sur l'amour et la vie, enfin il y a cette famille, autant un poids qu'un indestructible attachement auquel on se rapporte lorsque le doute l'emporte.

Un livre fort et que j'ai aimé... beaucoup !

Le cheval soleil - Steinunn Sigurdardottir ; traduction de Catherine Eyjolfsson (Éditions Héloïse d'Ormesson, 2008, 184 p.)

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Commentaires
L
Je le note pour une prochaine lecture nordique. Je suis sure qu'il va me plaire.
A
J'ai beaucoup aimé moi aussi, même si il m'a fallu un peu de temps pour entrer dans le livre et me laisser happer. Mais à la fin, c'était vraiment la grande émotion, je me suis laissé submerger. J'ai aimé aussi la rencontre avec Dotta, la fille de l'herbivrogne.
K
Tu sembles définitivement adhérer à cet auteur... je prends le nom en note1
D
Celui là je le note car j'aime beaucoup la littérature islandaise
E
Ca donne très envie ! Je le note précieusement dans mon calepin de livres à acheter.
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