Cette main qui a pris la mienne de Maggie O'Farrell
Me revoilà après la première batterie de concours. Le goût de lire est plus que présent et ce n'est pas les tentations qui manquent... Voici pour commencer une nouveauté venue d'Irlande qui fera sans doute un bien long chemin.
Cela faisait longtemps que je souhaitais découvrir l'oeuvre de Maggie O'Farrell. Dans ma bibliothèque il y a notamment L'étrange disparition d'Esme Lennox, qui attend patiemment que je le lise. Mais c'est du dernier-né que je me suis emparée, le très joliment nommé Cette main qui a pris la mienne.
Autant que je vous dise que l'écriture de Maggie O'Farrell a su me happer dès les premières pages. (Laissez-moi vous dire qu'elles défilent sans que l'on s'en rende trop compte !) Elle sait instiller une aura de mystère derrière une intrigue somme toute quasi banale.
Lexie et Elina sont deux femmes qui, a quarante ans de différence, nous livrent leur histoire personnelle. Qu'est-ce qui les lient? Pourquoi Lexie, jeune femme indépendante et éprise de liberté se trouve-t-elle logée à la même enseigne qu'Elina et son compagnon Ted? Il faudra attendre plus de la moitié du roman pour trouver des pistes à cette énigme.
Lexie est une jeune femme rebelle qui, à la fin des années 50 n'a qu'une idée en tête : quitter son Devon natal pour gagner Londres et toutes ses paillettes. Il suffit d'une rencontre, celle de l'étincelant Innes, qui l'incite à bel et bien vivre sa vie, sans rendre de comptes à personne. Ni une ni deux, voilà Lexie qui débarque, pleine d'espoir et avec sa machine à écrire sous le bras. Mais le charme londonien ne conduit pas à tout et Innes est une pièce maitresse dans cet accompagnement vers l'émancipation.
Parallèlement à l'histoire de Lexie, il y a le quotidien d'Elina et Ted qui se dessine sous nos yeux. Tout jeunes parents, ce grand chamboulement ravive de lointains traumatismes, des peurs enfouies. Elina est marquée par l'accouchement, qu'elle n'a pu vivre pleinement (il a failli lui coûter la vie). Son compagnon quant à lui semble encore plus perturbé et énigmatique. La naissance de leur enfant rend en effet Ted méconnaissable et insaisissable. Est-ce simplement un baby blues ou la plaie est-elle bien plus ancienne?
Qu'ai-je pensé de ce roman aux multiples facettes? Je l'ai déjà trouvé extrêmement bien construit car le dénouement est loin d'être prévisible. Le lien entre ces deux histoires n'apparaît qu'en explorant les tréfonds de l'âme humaine et en confrontant les expériences de chaque protagoniste. Les femmes ont la part belle avec leur sensibilité, leur force et leur pouvoir de maternité. J'aime cet enchevêtrement par pallier ou tout se densifie à chaque découverte, où chaque question trouve ensuite sa réponse dans l'histoire narrée conjointement.
Et en amont c'est la couverture qui m'a plu (subjectif mais ça joue) et le titre très poétique qui à l'heure actuelle me laisse encore quelques interrogations. Place à l'interprétation et ce n'est pas plus mal !
Je me suis donc laissée surprendre, très agréablement, et suis donc tout à fait emballée à l'idée de lire un nouvel ouvrage de Maggie O'Farrell !
J'entame donc avec ce livre une thématique rendant hommage à la féminité et à la transmission (de gènes, de courage, d'émotions) et je suis fière d'en être !
Merci à Babelio et aux éditions Belfond.
Cette main qui a pris la mienne - Maggie O'Farrell ; traduction de Michèle Valencia (Belfond, 2011, 418 p.)