La légende des fils de Laurent Seksik
Nous sommes dans les années 60 près de Phoenix. John Fitzgerald Kennedy vient d’être élu président. C’est le temps du rêve, des espoirs pour notre personnage principal, Scott.
Scott est un adolescent américain un peu mal dans sa peau. Son père en est la cause puisqu’il n’arrivent pas à se comprendre, chacun évoluant dans sa sphère pleine de doutes et de cicatrices. Quand son père, Jeffrey Hatford, est colérique, violent et grossier, Scott est quant à lui mesuré, silencieux et poli. Scott est un collégien sensible qui souhaite préserver l’harmonie familiale, aussi ne fait-il pas des siennes auprès de son père. C’est que celui-ci est revenu transfiguré de la guerre de Corée de laquelle il a gardé une patte boiteuse et sans doute quelques séquelles psychologiques. Après cette dure épreuve, tout le monde veut l’épargner et l’excuse dans ses nombreux travers. Quand la mère de Scott (Mam) passe son temps à trimer à l’hôpital, à assurer remplacement sur remplacement, le père, lui, traine à la maison. Dehors, les ragots vont bon train et Scott assiste à ce huis-clos impuissant et forcé. Mam a rencontré Jeffrey dans un bus et depuis ils ne se sont plus quittés. De cette union est né Scott, enfant unique incompris de son père. Avec les années, le fossé qui les sépare devient de plus en plus grand. Scott prend le parti de sa mère et épie son père devenu un intrus. Des événements importants jalonnent leur vie à tous les trois (Jeffrey, Mam et Scott) et le ménage a du mal à vivre ensemble : le père devient menaçant et ressasse sans cesse ses souvenirs douloureux de la guerre. Mam est indulgente et supporte son compagnon en mettant justement tout sur le compte de la guerre. Scott ne peut, lui, plus accepter un tel comportement et ne supporte plus quand son père lève la voix contre sa mère. Un jour le fils prend une arme. Peu de temps après, mère et fils décident de fuir le domicile non pas vers un endroit défini mais plutôt vers un ailleurs.
Ce livre a suscité en moi différentes émotions. Au départ je suis partie assez perplexe sur ces terres américaines qui semblaient presque trop petites tellement la relation unissant les trois personnages prenaient toute la place. Puis les événements se sont enchainés et on assiste nous aussi au drame qui se joue. Loin de s’arranger, les cinquante dernières pages, m’ont donné du vague à l’âme. L’écriture prend de l’ampleur avec la fin du roman et on se sent porté par une espèce de mélancolie ambiante. Les paysages de nature apportent une valeur ajoutée à la prose et l’immersion dans le Phoenix des années 60 est plus que réussie.
Pendant tout le livre, on oublie que l'auteur est français car le tour de force est plus que maitrisé. Bravo !
Attention, ce livre ne sort que le 24 août. Ce livre est le deuxième égrené dans le cadre de la rentrée littéraire organisée par Libfly et le Furet du Nord. Merci !
La légende des fils - Laurent Seksik (Flammarion, 2011, 192 p.)