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Chez Mélopée
15 février 2012

Le lanceur de couteaux de Steven Millhauser

Actuellement j'ai la main particulièrement heureuse dans mes lectures. Pourvu que ça dure ! En attendant, voici un récent recueil de nouvelles qui m'a entrainé vers d'étranges contrées d'où je ne suis pas tout à fait revenue. Belle surprise !

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Quelle riche idée qu'a eu Albin Michel de traduire les douze nouvelles présentes dans ce recueil épatant ! Car Steven Millhauser a une plume vraiment superbe, ciselée et tranchante qui colle à brûle-pourpoint au nom de l'ensemble. J'ai découvert ici des historiettes où le fantastique n'est jamais bien loin d'une réalité qui se délite dans des nimbes quasi parallèles. Mon attention a été particulièrement captée par la première nouvelle : Le lanceur de couteaux où un public hypnotisé assiste à un numéro de magie hors du commun : les couteaux traversent la pièce et se plantent formidablement, à fleur de peau, une sorte de grâce émanant du lanceur chevronné. Le spectacle vire à la fascination malsaine puisque les proies volontaires saignent parfois, le sourire aux lèvres, hébétées et comme envoutées. Que se passe-t-il? Le faste et les paillettes ne cachent-ils pas un véritable cauchemar?
J'ai aussi beaucoup aimé la deuxième nouvelle où un jeune homme se rend au domicile d'un ami d'enfance l'ayant convié à son mariage prochain. Il est certain qu'il est préférable de faire connaissance avec l'heureuse élue avant les réjouissances.
Sauf qu'arrivé à destination, il s'avère que le fiancé compte s'unir à... une grenouille. Essaie-t-on de berner notre narrateur? Celui-ci feint l'indifférence ou du moins ne montre pas qu'il est complètement perplexe par la situation.
Intérieurement il se questionne, le prend-on pour un sot? Son ami veut-il le mettre à l'épreuve? En s'impliquant dans ce jeu de dupes, il pense être à la hauteur de son compagnon qui pourrait d'un instant à l'autre révéler la supercherie. C'est au premier qui craquera en somme. Sauf que... Wink

Je me dois de vous parler d'une autre nouvelle qui m'a particulièrement captivée. Paradise Park, c'est son nom et pourtant le parc qu'elle décrit est loin d'être exempt de tout défaut. Son propriétaire, Danziker, a de nombreuses idées d'attractions toutes plus folles les unes que les autres. Pour donner libre cours à son imagination, il aménage un second parc en sous-sol où les manèges seront toujours plus impressionnants et les univers toujours plus développés, peuplés de créatures fantastiques et de recoins intrigants. Peu à peu les parcs se multiplient, sur différents niveaux, et les recettes ne font pourtant pas un bond phénoménal, bien au contraire. C'est que certains endroits sont plutôt malfamés car des petites frappes y ont fait leurs quartiers.
J'ai aimé dans cette nouvelle le début, où le parc paraît rayonnant et où son directeur, plein d'ambition, met du cœur à l'ouvrage. Puis la dégringolade de réputation, malgré les inventions toujours plus imprévisibles, m'a quelque part été un peu jubilatoire. On imagine le tenancier s'enfoncer dans son projet de parc ahurissant car il voit les choses en trop grand. Son entreprise souterraine est ce qui a l'air de lui tenir le plus à cœur même si c'est ce qui rencontre le moins de public (il creuse son trou, et c'est le cas de le dire !). La fin est quant à elle remarquable puisqu'elle est comme un bouquet final grandiloquent. Le feu d'artifice, on se le figure parfaitement à la lecture des dernières lignes où le parc est illuminé d'une aura particulière.

En conclusion, même si je n'ai évoqué que trois nouvelles, toutes sont délicieusement oniriques, fantastiques et bien écrites. Il y en a pour tous les goûts : des sorties nocturnes mystérieuses, un mari vengeur, des tapis volants, des automates, un vol en ballon... Le mélange hétéroclite nous entraine dans de nombreuses directions et nous suivons ce conteur de talent qu'est Steven Millhauser avec un enthousiasme grandissant.
Il est dur de dresser une critique d'un patchwork de nouvelles, quoi qu'il en soit c'est une véritable réussite qui séduira de nombreux lecteurs adeptes de rêves et d'évasion.

Un simple mot pour conclure? Merci ! content

Mes copinautes de lien : Clara, Yv, Nina.

Le lanceur de couteaux - Steven Millhauser ; traduction de Marc Chénetier (Albin Michel, 2012, 304 p.)

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Commentaires
V
tentée je suis! et le titre m'aurait déjà attirée.
A
Pas très nouvelles mais pas indifférente aux recueils qui valent le détour. Aaargh, c'est visiblement le cas ici...!
L
J'adopte, il me fait trop envie. J'adore les nouvelles.
D
Des nouvelles enchantées je note je note !<br /> <br /> Bonne journée Mélopée :-)
A
Je ne suis pas fan de nouvelles, car ma petite tête a du mal à se souvenir de tout. Je préfère les histoires longues.
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