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Chez Mélopée
21 août 2012

[Rentrée littéraire] Les dames de coeur de Janine Lionet-Bonis

Ouvrons le bal de la rentrée littéraire avec ce petit livre d'une centaine de pages et qui propose une plongée dans les souvenirs d'enfance d'un petit garçon tout émerveillé de ses découvertes. Une plutôt belle surprise ! Bon par contre j'ai prêté l'ouvrage et n'ai pas trouvé la couverture sur Internet donc pas de scan, pas d'image. Ce n'est pas très sérieux mais j'espère que la chronique qui suit palliera ce petit manque.

Nous sommes en 1960 quand le récit commence et un petit garçon, Antoine (surnommé Tonio), est privé de son père puisque celui-ci est en prison pour une affaire de voitures "maquillées." Le narrateur est encore en poussette et ne comprend donc pas tout ce que cela signifie ni engendre. Une chose est néanmoins certaine : son père ne sortira pas avant une paire de mois et Tonio prend donc l'habitude de le voir au parloir. Avec cette incarcération, les problèmes surgissent, notamment financiers puisque la mère, Lina, se retrouve sans soutien, ni activité professionnelle stable. Pour parer au plus urgent, l'appartement est vidé et mère et enfant vont se réfugier chez Anita, la cousine du père. Celle-ci est tenancière d'un bar appelé "Les dames du cœur", établissement mystérieux que Tonio ne fréquente pas mais qui suscite toute sa curiosité. Il a 6 ans lorsqu'il ose demander à visiter les lieux et à faire la connaissance des filles habillées de manière très sexy et parées de bijoux et de maquillage voyants. Le petit garçon est émerveillé par cet univers de dames, où les fards et rouges à lèvres métamorphosent littéralement les femmes.

J'ai aimé ce récit qui croise des mondes diamétralement opposés. D'une part, il y a le secret, la volupté qui entourent "Les dames du cœur", de l'autre il y a l'univers carcéral où le père est enfermé avec les hommes, impatient d'en sortir et de tourner la page. Il y a véritablement une aura de mystère qui entoure le bar dont Anita s'occupe. Jusqu'au bout on brûle d'investir les lieux, de se faufiler entre les jambes des "grandes personnes" pour découvrir ce qui échappe à un enfant de 6 ans.
Il est lucide Tonio et voit bien sa mère se démener au quotidien pour survivre et préparer le retour de l'absent. Au départ elle travaille dans une épicerie puis rejoint le bar d'Anita pour prêter main forte. Mais que fait-elle exactement? Est-ce bien légal et correct pour une femme de détenu?
Ce récit semble s'étaler sur une longue durée puisqu'il y a le non-dit sur la présence des filles dans le bar. Sont-elles là pour danser? Pour séduire? Pour plus? Lorsqu'on retrouve Tonio, bien plus tard, en 2010, il est toujours hanté par ce lieu plein de magie. C'est le cœur battant qu'il retourne chercher des réponses à ses interrogations.

C'est bien écrit et ça contient une belle histoire faite de modernité mais aussi des dommages collatéraux d'un drame familial. La prison est une forteresse imprenable mais, "grâce" à elle, le lieu de tous les désirs "Les dames de cœur" revêt d'autant plus de saveur et d'intérêt. On est, comme Tonio, fasciné par ce bar campé par les femmes, et le fait de ne pas avoir toutes les cartes en main nous fait évoluer au même rythme qu'un enfant en pleine innocence. Parallèlement au bar qui donne son nom au titre, il y a des femmes fortes et au caractère bien trempé qui savent s'imposer. Je veux bien sûr parler de Lina et Anita, liguées en famille dans la période qui les privent respectivement du mari et cousin tant chéri. Elles sont un bien bel exemple de courage au féminin et ce sont peut-être finalement elles "les dames de cœur".

Ce livre a été lu dans le cadre de l'opération "On vous lit tout" organisée par Libfly et le Furet du Nord. En cliquant sur le logo, vous irez directement sur le site de l'opération. La suite demain !

logo_OKrentreelitt2012

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Les dames de coeur - Janine Lionet-Bonis (Riffle, 2012, 172 p., collection Riffle blanc)

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