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Chez Mélopée
14 décembre 2012

Les deux messieurs de Bruxelles d'Eric-Emmanuel Schmitt

Je renoue avec l'écrivain Eric-Emmanuel Schmitt dont j'avais lu de nombreux récits il y a quelques années. Ses fictions et en particulier ses nouvelles trouvent un certain écho. Je me souviens avoir apprécié Odette Toulemonde puis La rêveuse d'Ostende avec un intérêt constant. Même si je ne m'étais pas promis de relire Schmitt, j'ai tout de suite replongé à la suite de sa plume, ancrée dans ses histoires. Il a un réel talent de conteur, c'est indéniable !

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Cinq nouvelles composent ce recueil et toutes m'ont intriguée car elles s'appliquent à disséminer l'amour, la vérité et la relation à l'autre. Je tiens d'ailleurs à saluer l'initiative de Schmitt de mettre à la fin de son ouvrage son "journal d'écriture" qui l'a accompagné dans l'écriture de ce présent recueil. Ainsi on approfondit les histoires, on leur voit d'autres éclairages et on comprend ce qui les lie.

La première nouvelle, qui donne son nom au recueil, traite de l'histoire parallèle de deux couples : l'un officiel, Geneviève et Eddy, s'unit à l'église, l'autre officieux se dit "oui" dans l'ombre du premier. Alors que le premier couple s'installe et commence à avoir des enfants, le deuxième continue à garder le lien, à observer ces gens qui leur ont permis de "concrétiser" leur amour. J'ai aimé l'élément qui vient rapprocher pour de bon les quatre personnages. Alors que tout permettait de croire que la vie les tiendrait éloignés les uns des autres, un deuil permettrait bien de reconstituer le puzzle.

La deuxième nouvelle, Le chien, m'a permis de faire la connaissance avec un autre couple tout autant indissociable. Il s'agit d'un homme, Samuel Heymann, et de son chien, Argos, un beauceron. Lorsque le chien meurt, son propriétaire est dévasté comme si une autre histoire, plus fusionnelle les liait que celle d'un animal et de son maître. Que se cachait-il derrière cette histoire d'amitié indéfectible?

Dans Ménage à trois, je crois que ce qui m'a le plus marquée, c'est sa chute qui m'a fait l'effet d'une bombe. Si le titre est assez révélateur du contenu, c'est surtout le dénouement qui donne consistance à cette relation étrange entre un homme, une femme et... son défunt mari. Le premier semble admirer l'ex-amant de sa femme et lui vouer une intrigante passion. La femme, dans ce trio, est comme éclipsée de l'"amour" pour l'autre homme.
Comment se fait-il que ce premier mari ait tant d'influence sur le second?

Un cœur sous la cendre se place dans un pays que je rêverais de visiter, l'Islande. Malgré ça c'est, pour moi, la nouvelle la plus faible du recueil. J'ai eu du mal à m'intéresser à cette histoire où les relations familiales s'imbriquent mais sont tout à coup faussées par un événement tragique. C'est une histoire de filiation qui remet en question la réalité des sentiments maternels.

Enfin, dans L'enfant fantôme, la chute est là aussi à la hauteur de la nouvelle. Car la narration nous laisse à penser à une énième histoire de survie en montagne avec sauvetage in extremis qui pourrait renforcer les liens entre les secourus et leur ange gardien. Sauf que... l'histoire ne se situe pas uniquement à ce niveau-là !

Les nouvelles sont de taille variable mais, la plupart du temps, elles sont bien calibrées, laissant peu de place à l'ennui ou au désintérêt. C'est en cela que Schmitt est un magicien : il dresse le portrait d'hommes, de femmes comme autant de pions servant à esquisser un projet, à réfléchir sur le sens de la vie au travers de situations quotidiennes. Les récits sont fluides et contribuent grandement à rendre ce recueil un véritable page-turner.

Les deux messieurs de Bruxelles - Eric-Emmanuel Schmitt (Albin Michel, 2012, 280 p.)

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Commentaires
L
L'écriture de Schmitt est fluide et agréable. Jamais agressive. Ce qui lui permet d'entraîner le lecteur dans ses petites histoires plutôt "extraordinaires" sans l'effaroucher. Il a l'art de créer des personnages de chair et de sang auxquels le lecteur s'identifie facilement. A lire comme ses précédents et, surtout, son théâtre.
M
Il y a bien longtemps que je n'ai rien lu de cet auteur, je suis toujours éfiante vis à vis des auteurs qui sortent un roman par an ...peut-être à tort !!
G
Un livre que j'ai bien envie de lire, mais j'ai d'abord deux autres titres de l'auteur dans ma PAL à lire. Donc ce titre attendra !
L
Joyeux Noël Mélopée, passe de bonnes fêtes de fin d'année, bisous
L
Bien aimé effectivement le portrait des différents personnages.
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