16 avril 2014
En finir avec Eddy Bellegueule d'Edouard Louis
Attention, je crois passer après la première vague du phénomène Édouard Louis et c'est d'ailleurs suite au buzz que je me le suis procuré. Sinon, c'est bête à dire, mais je ne l'aurais sans doute pas même ouvert. Et pourtant, comment parler de ce livre qui m'a littéralement soufflée ? J'ai la nette impression qu'il m'a agrippée autant qué croche-pattée (ça se dit ?), histoire de me laisser à terre et de ressasser comme avait pu le faire pendant de longues années le frêle personnage.
Ce personnage n'est autre qu'Édouard Louis qui, à l'époque, s'appelait Eddy. Élevé dans un petit village de la Somme, en Picardie, il grandit dans une famille de beaufs parmi lesquels il ne se sent pas à sa place. Le père travaille d'abord à l'usine tandis que la mère garde la maison. Puis les deux restent chez eux, accrochés aux allocs, cloués devant la télévision, toujours prêts à picoler chez les voisins.
En plus de ne pas se sentir à sa place, Eddy a aussi la désagréable impression de ne pas être un mec, un dur, comme attendu des premiers de fratrie. Il est efféminé et a une certaine attirance pour les garçons mais ces choses-là ne doivent pas se dire. L'homosexualité, dans les campagnes, c'est proche de la folie. Alors Eddy est persécuté à l'école, puis au collège et n'est pas non plus bien chez lui.
Chez mes parents nous ne dînions pas, nous mangions. La plupart du temps, même, nous utilisions le verbe bouffer. L'appel quotidien de mon père C'est l'heure de bouffer. Quand des années plus tard je dirai dîner devant mes parents, ils se moqueront de moi Comment il parle l'autre, pour qui il se prend. Ça y est il va à la grande école il se la joue au monsieur, il nous sort sa philosophie. (p. 107)
Le portrait qu'il dépeint de ses parents, de ses bourreaux et de son quotidien de l'époque nous rend l'homme misérable, bien que lucide sur sa situation. Il est si faible et si mal né... Mais quelle belle revanche que ce témoignage ! Et ce livre presse (le lecteur de finir) et oppresse car l'environnement familial décrit est comme une toile d'araignée, un tombereau qui enferme et descend plus bas que terre.
Livre coup de poing ! Je devrais même dire, livre uppercut ! Je l'ai fini il y a déjà quelques jours et il me reste en tête comme si je l'avais fermé à l'instant. Une lecture on ne peut plus entêtante !
En finir avec Eddy Bellegueule - Édouard Louis (Seuil, 2014, 219 p., coll. Cadre rouge)
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