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Chez Mélopée

13 avril 2018

Nouveau blog, nouveau départ ?!

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Si des gens sont encore ici à me lire, sachez que ma route se poursuit sur Wordpress. La lumière est par ici !

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2 novembre 2016

Les mots entre mes mains de Guinevere Glasfurd

Il s'appelle René Descartes, elle s'appelle Helena Jans. Il est Français, elle est Hollandaise. Il est catholique, elle est protestante. Il est philosophe, elle est simple servante. Je pourrais continuer un moment car le fossé, qui sépare les deux personnages de ce livre, est grand.

Helena, tout juste majeure, arrive à Amsterdam pour occuper une place de servante. Elle est embauchée par Monsieur Sergeant, un libraire qui voit chez lui passer de grands noms de la société, parmi eux se trouve le philosophe. Le récit s'échelonne entre 1632 et 1640, période où Descartes effectue de nombreux voyages aux Pays-Bas.

Descartes voyage avec son valet, Limousin, qui est en charge de ses affaires privées. Rapidement, Descartes découvre qu'au-delà des menus travaux, Helena, la servante de la maison, sait lire et écrire. Pour sa condition et pour son sexe, c'est un fait rare qui suscite sa curiosité. Il converse de plus en plus avec elle et une relation intime s'instaure entre eux (bien que lui ait plus de deux fois son âge).

Descartes, bien que toujours appelé "Monsieur", transmet sa scienceà cette élève consciencieuse et réfléchie. Il travaille déjà à son "Discours sur la méthode" (1637) et n'est pas avare en explications. Helena admire le maître et écoute avec attention tous les résultats de ses expériences. Lorsque la relation prend un tour plus étroit encore, il est déjà trop tard : les racontars vont bon train, le ventre d'Helena s'arrondit.

Pour l'époque, la différence de classes rend une quelconque union impossible. Mais pour que Descartes continue à mener ses recherches en poursuivant son rôle de tuteur auprès de l'enfant, il les isole. Francine, leur fille, sera baptisée mais le sera au seul nom de sa mère.

Helena se démène et s'élève pour permettre au ménage de connaître un semblant de vie de famille. Elle se donne corps et âme pour aller au bout de sa passion tout en laissant le grand penseur à ses travaux.

Roman d'émancipation et de liberté où Helena dépasse sa condition et se montre femme-courage, c'est aussi un manifeste de l'amour vrai. Quel que soit l'âge, quelle que soit l'époque, deux êtres qui s'aiment peuvent toujours trouver une communion d'esprit dans la douceur d'un foyer.

#MRL16

Les mots entre mes mains / Guinevere Glasfurd ; trad. par Claire Desserrey (Préludes, 2016, 442 p.)

19 mai 2016

La femme qui pensait être belle de Kenneth Bernard

La femme qui pensait être belle est un recueil de nouvelles d'un auteur Américain dont je n'avais jusque là jamais entendu parler. L'"exhumer" du catalogue du Tripode (merci à eux !) m'a permis de sacrément apprécier ses historiettes fantasques où le quotidien est en scène.

Petite

L'auteur s'emploie à décrire quelques moments parmi ceux qui ponctuent une vie. La rencontre de jeunes filles qui excitent sa fantasmatique revient d'ailleurs régulièrement : celle dans le métro aux jambes sublimes, celle qui donne son titre au livre, celle qui pourrait avoir lu Sartre... Bernard a d'ailleurs le chic pour décrire les femmes dans leur ensemble. Il dresse par petites touches sa femme de qui il se différencie par bien des aspects (pensez donc, elle n'annote pas le texte de la même manière).

Cela me permet de rebondir sur le fait que Bernard aborde le livre (objet) sous bien des aspects. Il y a l'histoire de l'annotation qui prend un chapitre. Il y a aussi son expérience afin de "survivre" à la disparation d'un livre prêté. Concrétement, je trouve ça formidable car même si ce sont des pensées vaines ou des petites lubies, l'auteur y accorde toute sa place et trouve des subterfuges pour aller de l'avant.

Les textes sont parfois déroutants car ils ne se contentent pas d'explorer le charme du quotidien. Ainsi, l'aparté sur King Kong et Fay Wray m'a laissée clairement de marbre. Mais bien d'autres m'ont enchantée (avez-vous déjà réfléchi aux rêves que pourraient faire les animaux ? Bernard lui s'interroge sur les poulets...). Il jette un regard incisif sur le monde qui l'entoure et n'hésite pas à livrer des pensées intimes, des occupations et préoccupations du moment. Je conseillerai au lecteur de s'aventurer dans ce bref recueil et de surtout le parcourir sans recourir à la table des matières. Rien de tel que la sérendipité pour jouir au mieux du quotidien tel que nous le livre l'écrivain !

La femme qui pensait être belle / Kenneth Bernard (Le Tripode, 2015, 146 p.)

2 mars 2016

Mon combat. 3, Jeune homme de Karl Ove Knausgaard

Troisième volet de l'autobiographie initiée par l'auteur (les deux premiers sont critiqués ici et ), ce livre-ci revient sur l'enfance de Knausgaard. Sachez que le cycle complet comprendra six volumes sur cinquante années de vie.
L'auteur commence Jeune homme en indiquant qu'il a peu de souvenirs de ses premières années. Les réminiscences les plus anciennes remontent à ses 6-7 ans (exactement comme moi http://emoticon.gregland.net/emoticon/Confus/Confus_22.gif) et c'est donc le point de départ de son roman.

A cette époque, c'est le début de l'école, des amitiés mais aussi d'un caractère qui s'affirme. Karl Ove est le cadet de sa fratrie (Yngve est le grand frère qui ouvre la marche) et est aussi le plus sensible. Il pleure à chaudes larmes à la moindre contrariété, est complexé par son physique (son attribut de petite taille le fait douter de sa virilité) et a beaucoup de mal à être à l'aise avec les filles. Mais le point marquant de cette période, c'est surtout sa grande crainte de son père qui règne en tyran à la maison. Lorsque le père, enseignant, est chez lui, les règles sont strictes : un silence absolu doit prévaloir et il n'est pas question d'inviter quiconque dans le huis-clos. C'en est presque oppressant car certains passages du roman montre un Karl Ove complètement tétanisé face au père impulsif et autoritaire. Heureusement que la mère fait la balance entre les deux générations !

C’est pourtant elle qui m’a sauvé. Si elle n’avait pas été là, j’aurais grandi uniquement avec papa, et alors là, d’une façon ou d’une autre, à un moment ou à un autre, j’aurais mis fin à mes jours. Mais sa présence contrebalançait la noirceur de papa. Aujourd’hui je suis en vie, et le fait que ce soit sans joie n’a rien à voir avec l’équilibre de mon enfance. Je vis, j’ai moi-même des enfants et la seule chose que j’ai vraiment essayé de réussir avec eux, c’est qu’ils n’aient pas peur de leur père.

J’ai réussi. Je le sais. (p. 337)

Tout comme les deux premiers, ce troisième volet m'a complètement embarquée. Car dans la déconstruction, Knausgaard parvient à maintenir le lecteur dans l'attente de la suite : qu'évoquera-t-elle ? Après le décès du père, la rencontre de son épouse et ses premiers pas vers l'extérieur, que lui reste-t-il pour les trois volumes à venir ?
Mais pour l'avoir conseillé à des personnes proches je peux témoigner que ces livres-ci, soit on les aime, soit on les déteste. Car l'auteur ne cherche pas à plaire et c'est particulièrement vrai lorsqu'il écrit plusieurs pages sur sa passion de la défécation. Ames non scatologiques, s'abstenir !

Après, toute enfance est relativement similaire que ce soit en Norvège ou dans tout autre pays occidental. C'est donc le volume qui, des trois, m'a le moins harnachée même si je continue à trouver en l'auteur un certain génie de la prose.

Mon combat. 3, Jeune homme / Karl Ove Knausgaard ; trad. par Marie-Pierre Fiquet (Denoël, 2016, 581 p., coll. Et d'ailleurs)

12 janvier 2016

Camille, mon envolée de Sophie Daull

Quel beau livre qui vaut cent fois le coup qu'on en parle !Moyenne

camille



Je l'ai refermé il y a quelques jours et suis encore submergée par une vague d'émotions contradictoires (mais toutes de nature à me faire aimer l'ouvrage, rassurez-vous !). Mais venons-en à l'histoire : Sophie Daull raconte quelques mois de manière autobiographique. Sa fille, Camille, a été emportée en l'espace de quelques jours en décembre 2013. A peine âgée de 16 ans, la jeune fille a succombé à ce qui pourrait être une méningite foudroyante.

A travers des pages pudiques et pleines de poésie, la narratrice nous raconte les jours d'avant mais aussi les jours d'après. Elle se place dans un immédiat irrattrapable mais aussi quelques mois après le deuil. L'écriture alterne les deux moments : les flashbacks mais aussi la "reconstruction" et le possible "oubli".

J'avais lu sur le sujet Le fils de Michel Rostain qui était le miroir de ce livre-ci (il est d'ailleurs évoqué dans ces pages). Un père pleurait son fils parti d'une méningite, ici une mère évoque sa fille partie du même mal. Je crois avoir été encore plus bouleversée ce coup-ci car Sophie Daull ne rend pas le récit larmoyant, trouve les mots justes, parvient à faire sourire le lecteur malgré le deuil inacceptable.

Un tour de force qui mérite qu'on s'y appesantisse ! Allez lecteur, sors donc ton petit carnet pour y noter Camille, mon envolée !

Camille, mon envolée - Sophie Daull (P. Rey, 2015, 185 p.)

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10 janvier 2016

Le dernier des fous de Timothy Findley

Paru en 1967, ce livre a été une première fois édité par le Serpent à plumes en France et réédité tout dernièrement par Libretto.
C'est une chronique familiale que l'histoire qui prend place dans ce roman. C'est plus précisément l'instantané d'un été, à la fin des années 60, dans une maison cossue de la campagne canadienne.

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Hooker Winslow, le narrateur, a 11 ans et est le dernier d'une famille qui part à la dérive. La mère ne quitte pas sa chambre, à l'étage, suite au décès du dernier enfant, à la naissance. Le père, quant à lui, est tétanisé par l'échec de son couple et se mure dans le silence. Quant à Gilbert, le frère aîné, il a lui aussi ses névroses et patauge dans un alcoolisme déraisonné. Dans ce huis-clos où n'évoluent que peu de connaissances : Rosetta (la tante), Iris (la bonne), c'est étouffant comme les messes basses vont vite et comme le silence ternit les relations humaines.

Timothy Findley parvient brillamment à nous plonger dans une atmosphère tantôt pesante, tantôt dérangeante. Il met en lumière un gamin qui semble porter toute la misère sur ses épaules. Quand on commence à médire du grand frère, Hooker se met en devoir de voler un revolver pour venger les propos infamants.

Tout au long de ma lecture, j'ai eu du mal à m'imaginer que ce récit avait été écrit il y a près de 50 ans tant des éléments de l'actualité sont prégnants. La problématique de se faire justice soi même n'est pas passéiste, et l'isolement des petites gens de la campagne est lui aussi une notion qui perdure. En somme, Findley a réussi à livrer une chronique intemporelle d'une famille qui peine à retrouver le chemin du dialogue et du vivre ensemble. L'été passé en leur compagnie ne leur permettra malheureusement pas d'esquisser un avenir prometteur. Animaux et humains sont comme pris dans un champ de souffrance insurmontable. Et le titre, lui, prend inexorablement tout son sens.

Merci à Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une opération Masse critique ainsi qu'aux éditions Libretto.

Livres contre critiques

Le dernier des fous - Timothy Findley ; traduit par Nadia Akrouf (Libretto, 2015, 273 p., coll. Littérature étrangère)

8 janvier 2016

Quand le diable sortit de la salle de bain de Sophie Divry

La narratrice, Sophie, a six frères et vit à Lyon (toute seule). Elle est chômeuse de longue durée et fait l'épreuve du passage chez Pôle emploi. Le récit débute alors qu'elle vient de recevoir une facture qui l'amène à vivre avec une dizaine d'euros jusqu'à la fin du mois (soit quelques dix jours).

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Elle est alors régie par la faim et doit s'employer à trouver de quoi subsister. C'est l'apogée du système D et Sophie revend livres, s'invite (de manière tout à fait fortuite, vous imaginez bien !) chez les bons samaritains qui pourront la nourrir. Elle décrit la galère, l'angoisse de sombrer dans le découvert, la honte d'en parler.
Mais au lieu de s’apitoyer et de nous livrer un récit sur le parcours un peu malheureux d'une chômeuse qui en bave, Sophie Divry nous accorde des apartés salutaires. Et le diable qui apparait dans son titre n'est autre que son démon intérieur, Lorchus, qui prend peu à peu sa place dans la tête de la narratrice.

Elle divague et nous offre des libertés typographiques (calligrammes et autres) ainsi que des récits gigognes. Là où vous auriez pensé vous embarquer dans un énième récit du quotidien, vous chavirez tant elle a du charme à vous faire "tourner en bourrique".
L'écriture est gondolée et inventive, les scènes sont drôles (vous ai-je dit qu'il y avait des passages sexuels qui émoustilleront les esprits chagrins ?) et son personnage (l'auteur ?) nous entraine dans une aventure ordinaire dont on se tire à regret.

Bravo à elle ! Depuis, La cote 400, La condition pavillonnaire, Sophie Divry se renouvelle et nous enchante ! Mission accomplie pour ce très bon roman de la rentrée !

Quand le diable sortit de la salle de bain - Sophie Divry (Noir sur blanc, 2015, 306 p., coll. Notabilia)

6 janvier 2016

La variante chilienne de Pierre Raufast

A qui a aimé le premier roman de Pierre Raufast, La fractale des raviolis, ce second roman sera tout aussi jubilatoire.

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L'histoire suit deux personnages dans la vallée de Chantebrie : il y a Pascal, prof de littérature, et une de ses élèves, Margaux qui cherche à se ressourcer loin de chez elle. On pourrait d'ores et déjà croire à un "Lolita" version terroir, mais l'auteur fait d'entrée de jeu des pirouettes en invitant Florin, le voisin, à participer à l'escapade. Il est celui qui collectionne les cailloux, tous s'apparentant à un souvenir bien précis. Lorsque Florin sort un caillou, c'est un monde qui s'esquisse et qui emmène tout trois, bien loin des sentiers battus. Dans cette retraite bien méritée, les langues se délient et tous se passionnent pour la vie du vieil original, Florin.

Une déferlante d'histoires viennent égréner les jours paisibles de nos trois protagonistes et on écoute conter comme si nous étions le quatrième larron de la fête.
Il y en a pour tous les goûts : des histoires où la pluie rythme la vie d'un village, où par défi les diamants peuvent disparaître en un claquement de doigts, où l'adultère est une histoire d'amour comme une autre.

Encore un très bon cru qui mérite également qu'on s'y attarde pour découvrir en quoi consiste le jeu de la "variante chilienne".

Je dois reconnaitre que j'ai préféré La fractale des raviolis. Car la forme toute surprenante d'un texte emboîté dans un autre avait le charme de la nouveauté. Ici les contes s'accolent et se complètent, comme racontés au coin du feu. C'est presque plus "académique" mais l'effet de plaisir lui perdure, je vous rassure.

Alles-vous lire le Raufast nouveau ? En ce début 2016, ça me parait une excellente idée pour bien commencer l'année !

La variante chilienne - Pierre Raufast (Alma, 2015, 263 p.)

#MRL15 #PriceMinister

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29 août 2015

[Rentrée littéraire] Tourner la page d'Audur Jónsdóttir

A ce point-là je pense qu'on peut appeler ça une lubie, une fixette, une obsession : j'aime les auteurs Islandais ! Je suis admirative de leur originalité, de leur liberté de ton et de cette poésie que j'ai peine à trouver ailleurs. C'est d'autant plus vrai qu'après être allée en Islande, c'est pleine de nostalgie que j'ai l'impression de me réimmerger à chaque écrivain et à chaque nouveau roman.

Eyja est une jeune femme qui a fait les choses dans le désordre. Poussée par le besoin de s'émanciper, elle s'est mariée à un homme de vingt ans son aîné. Son mari, qu'elle appelle le Coup de Vent est un alcoolique notoire qui ne fait rien pour s'arranger. Poussée par sa famille, et notamment par sa grand-mère, Eyja est invitée à passer quelque temps chez sa cousine, Runa (aussi appelée la Reine du Ski) en Suède. Loin de ses racines et de ses attaches maternelles (sa mère, sa grand-mère et sa soeur Agga la hantent en permanence), elle tente d'écrire pour prendre un nouvel élan vital.

Mais la Reine du Ski ne l'entend pas de cette oreille et l'occupe à la location et au nettoyage des cottages qu'elle détient. Elle est aussi priée de s'occuper des enfants de la cousine et surtout de ne pas tenter d'évoquer un quelconque retour en Islande (du moins certainement pas mariée au même homme). Eyja subit, endure et ne tente même pas de s’enfuir car cette nouvelle expérience loin de chez elle l’empêche de prendre de vrais décisions pour son couple auprès de son mari. C’est si facile de s’éloigner lorsque la famille cautionne et paie la virée libératrice hors du ménage !
Les personnages féminins tiennent une place de choix dans ce récit où tous sont rebaptisés : Dame Joliette de France pour la mère, la Reine du Ski pour la cousine Runa...

Toutes sont sympathiques et semblent vouloir exclure l'homme s'il est trop faible (c'est le cas de l'alcoolique de mari d'Eyja) et dépassé. Le texte est échelonné entre l'Islande, la Suède et Berlin, où Eyja pourrait bien rencontrer ce qu'elle nomme le Mari à Venir. Ce décloisonnement des frontières et ces noms fantasques rendent l'histoire presque onirique et sans véritable ancrage chronologique.
Les écrivains Islandais sont surprenants (l'auteur est ici la petite-fille de Halldor Laxness... tout s'explique !) et si vous êtes ouvert à un récit original et qui fait fi de la linéarité, arrêtez tout, ce roman a été écrit pour vous !

Tourner la page / Audur Jónsdóttir (Presses de la Cité, paru le 27 août 2015, 400 p., coll. Domaine étranger)

21 août 2015

Les proscrits de Johann Sigurjonsson

Me voilà de retour mais en plus que pointillés (toutes mes excuses, le blog est en jachère totale) car je souhaite passer un concours dans ma branche qui aura lieu en février. Autant vous dire que ma table de chevet est plutôt composée de livres de culture générale que de romans plaisir. Mais j'ai quelques billets en réserve et me suis tout de même octroyée quelques découvertes de la rentrée littéraire.

Petite

Je crois que c'est la première fois que je lis une pièce de théâtre islandaise mais ce n'en est pas moins une oeuvre majeure inspirée des sagas. Ecrite en 1911, elle a été adaptée en film en 1918 par Victor Sjöström.

L'histoire est bien simple : nous sommes au milieu du XVIIIème siècle en Islande, Eyvindur est un homme en fuite qui, depuis le sud, a été soupçonné d'avoir volé un mouton. Condamné à la prison, il erre comme un proscrit dans les montagnes pour échapper à sa peine. le temps passe et Eyvindur s'est fait rebaptiser Kari. Il a été embauché comme ouvrier agricole auprès d'une riche fermière, Hatla, qui est veuve en plus d'être belle.

Une histoire d'amour prend forme entre Hatla et Kari qui, menacés par la révélation du secret, doivent fuir. La vie de proscrits se dessine à nouveau à eux et la nature, hostile, a tôt fait de donner des remous à leur passion.
Voici une pièce qu'on rapprocherait volontiers d'un Strinberg ou d'un Ibsen. Il y a peu de personnages mais l'issue semble d'entrée de jeu fatale. Entre le banni qui tente de se racheter une conduite et la veuve qui tente de redonner du piquant à sa vie, le mélange est explosif. Les paysages islandais, si prégnants et inconciliables sont sans doute le troisième personnage qui peu à peu s'installe. La liberté a un prix et même un couple, en proie à un amour véritable, semble bien léger devant autant d'adversité.

Les proscrits - Johann Sigurjonsson (Éd. théâtrales, 2002, 87 p.)

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