Les proscrits de Johann Sigurjonsson
Me voilà de retour mais en plus que pointillés (toutes mes excuses, le blog est en jachère totale) car je souhaite passer un concours dans ma branche qui aura lieu en février. Autant vous dire que ma table de chevet est plutôt composée de livres de culture générale que de romans plaisir. Mais j'ai quelques billets en réserve et me suis tout de même octroyée quelques découvertes de la rentrée littéraire.
Je crois que c'est la première fois que je lis une pièce de théâtre islandaise mais ce n'en est pas moins une oeuvre majeure inspirée des sagas. Ecrite en 1911, elle a été adaptée en film en 1918 par Victor Sjöström.
L'histoire est bien simple : nous sommes au milieu du XVIIIème siècle en Islande, Eyvindur est un homme en fuite qui, depuis le sud, a été soupçonné d'avoir volé un mouton. Condamné à la prison, il erre comme un proscrit dans les montagnes pour échapper à sa peine. le temps passe et Eyvindur s'est fait rebaptiser Kari. Il a été embauché comme ouvrier agricole auprès d'une riche fermière, Hatla, qui est veuve en plus d'être belle.
Une histoire d'amour prend forme entre Hatla et Kari qui, menacés par la révélation du secret, doivent fuir. La vie de proscrits se dessine à nouveau à eux et la nature, hostile, a tôt fait de donner des remous à leur passion.
Voici une pièce qu'on rapprocherait volontiers d'un Strinberg ou d'un Ibsen. Il y a peu de personnages mais l'issue semble d'entrée de jeu fatale. Entre le banni qui tente de se racheter une conduite et la veuve qui tente de redonner du piquant à sa vie, le mélange est explosif. Les paysages islandais, si prégnants et inconciliables sont sans doute le troisième personnage qui peu à peu s'installe. La liberté a un prix et même un couple, en proie à un amour véritable, semble bien léger devant autant d'adversité.
Les proscrits - Johann Sigurjonsson (Éd. théâtrales, 2002, 87 p.)